L’artiste écossaise Georgia Russell présente son exposition Time and Tide (Le Temps et la Marée) qui se tient à la galerie Karsten Greve du 14 octobre au 30 décembre 2016. Toujours attachée au temps ; celui qu’elle consacre à ses oeuvres par ses gestes répétés au pinceau ou au scalpel mais aussi à de la nature et au cycle de la vie. Là où par le passée elle utilisait des photos ou des livres comme support, c’est sur des toiles que Georgia Russell s’exprime aujourd’hui. Les oeuvres de l’artiste sont des peintures abstraites et oniriques dont la toile est découpée, leur donnant volume et mouvement.


The Scottish artist Georgia Russell presents her exhibition Time and Tide, at Karsten Greve Gallery from October 14th to 30th December 2016. Still attached to time; the one she dedicates to her work by her repeated gestures with the brush or the scalpel but also the time of nature and the cycle of life. Where in the past she used pictures or books as a medium, it is on canvases that Georgia Russell expresses herself. The works of the artist are abstract and dreamlike paintings whose canvas is cut, giving them volume and movement.

Dans cette dernière partie, Katharina Ziemke parle de sa rencontre avec Thomas Ostermeier qui a joué un rôle important dans l’évolution de son travail. Elle insiste sur l’importance de produire une oeuvre personnelle et singulière et rappelle que les artistes doivent prendre leur temps tout en puisant leur inspiration dans différents domaines.

“Je n’ai jamais été à l’aise avec le travail de commande.”

“Il ne faut pas être trop pressé et s’écouter soi-même.”

“J’aime beaucoup les artistes qui ont quelque chose de très personnel, que l’on ne voit pas ailleurs et qui arrivent à le formuler.”

“J’ai des phases où je sens que je suis en train de changer, c’est souvent après quelques années, après 3 ou 4 ans. Là je fais des choses que je montre un peu moins, qui sont plus des essais.”

“La lumière sera toujours ma motivation.”


In this last part, Katharina Ziemke talks about her meeting with Thomas Ostermeier, who played an important role in the evolution of her work. She stressed the importance of producing a personal and singular work and said that artists should take their time while drawing inspiration from different areas.

“I’ve never been comfortable with commissions.”

“You musn’t be in a hurry and you have to listen to yourself.”

“I love artists who carry something very personal, that we don’t see elsewhere and who manage to express it in their work.”

“At some stages I feel I’m changing. It often occurs after a few years, like 3 or 4. That’s when I make things that I don’t really show, that are more experimentations.”

“Light will always be my main motivation.”

Dans cette deuxième partie, Katharina Ziemke explique sa fascination pour les couleurs dont elle se sert pour créer l’ambiguïté dans ses peintures. Elle considère ces couleurs comme les notes d’une partition qui lui servent à composer ses dessins. L’artiste évoque les artistes qui ont pu l’influencer ou l’inspirer dans ce style tout à fait particulier.

“Je voulais réussir mais en même temps je voulais rester fidèle à moi-même et je n’ai pas vraiment suivi de mode.”

“J’aimais bien l’ambiguïté entre l’artificiel et le réel. Et j’ai commencé à peindre que d’après maquettes ou sculptures en essayant de les rendre naturelles.”

“J’ai pris des photos de gens ou de lieux réels pour essayer de leur donner un coté maquette.”

“Les lumière de la couleur sont pour moi comme des sons.”

“Je me suis intéressé aux gens qui voient des couleurs quand ils entendent des sons. C’est assez fou.”


In this second part, Katharina Ziemke explains her fascination for the colors she uses to create ambiguity in his paintings. She considers these colors as the notes of a score which she use to compose his drawings. The artist evokes the artists who have influenced or inspired in this quite particular style.

“I wanted to succeed but I wanted to remain faithful to myself. So I did not follow any trend.”

“I really loved this ambiguity between the artificial and the real. So I started to paint only from models or sculptures. And my goal was to make the paintings look like they were based on something natural.”

“I decided to take pictures of real people or places and tried to make them look artificial, like models.”

“The lights of color are like sounds to me.”

“I learned about people who see colors when they hear sounds. This is kind of crazy.”

Née en Allemagne du Nord, Katharina Ziemke agrandi dans une famille qui aimait les lettres. Son père, éditeur, lui a donné le goût de la littérature et de la peinture classique russe dont elle réalise des copies encore enfant. Attirée par la philosophie qu’elle découvre en apprenant le latin, elle se rend à Paris et subit un choc culturel. Poussée par la famille qui l’héberge et les souvenirs de sa grand-mère artiste ; elle s’inscrit à l’école des Beaux Arts.

“Ma grand-mère était artiste. Elle était peintre et elle faisait cette technique à la cire que j’utilise aujourd’hui.”

“Je crois que j’ai été influencé par la luminosité de la cire.”

“Mon père a étudié le russe et nous avions beaucoup de livres sur la peinture russe. J’ai fait des copies de ces peintures. D’abord à l’aquarelle et après à l’huile.”

“C’était très étranger pour moi de voir des artistes contemporains. Mais c’était en même temps fascinant parce que je ne comprenais pas ce que c’était. Il y avait une sorte d’énigme assez fascinante.”

“Je me souviens d’oeuvres de Thomas Schütte que j’aime beaucoup maintenant. […] Je crois que ça a pu m’influencer même si je l’ai pas compris à l’époque.”

Au lycée, “Mon cours d’art n’était pas très intéressant. J’étais un peu déçue car je voulais m’exprimer mais il y avait toujours un sujet  auquel il fallait répondre. Ça m’ennuyait.”

“J’ai pensé que je pouvais devenir professeur de latin.”

“Ils m’ont dit “Tu devrais faire les Beaux Arts.” Je crois que je n’aurais jamais fait cette démarche de moi-même.”


Born in northern Germany, Katharina Ziemke was raised by a family that loved literature. His father, as a publisher, gave her the taste for literature and Russian classical painting that she used to copy as a teenager. Attracted by philosophy that she discovered by learning Latin, she went to Paris had a cultural shock. Driven by the family that hosts her and the memories of her grandmother who was an artist; she enrolled in the National School of Fine Arts.

“My grandmother was an artist. She was a painter and she would the same wax technique I’m using myself today”

“I think I was influenced by the light of the wax.”

“My father studied Russian and we had a lot of books about Russian paintings. And I copied those paintings, first in watercolor then in oil.”

“It was very unfamiliar for me to see contemporary artists. But it was captivating at the same time because I did not really understand what it was. It was like a fascinating riddle.”

“I remember artworks from Thomas Schütte that I really like now. […] I think it inspired me even if I didn’t understand it at the time.”

In high school “art class was not interesting. I was disappointed because I wanted to express myself and there was always a framework and precise questions to answer to. It bored me “

“I thought I might teach Latin.”

“They told me “You should go to the National School of Fine Arts.” I think that without this advice I wouldn’t have thought about it myself.”

English

Certains artistes nous apaisent en nous montrant que l’art n’est pas toujours à prendre au sérieux et Wayne White en fait partie. Originaire du Tennessee, ce peintre et sculpteur fait partie de cette génération inspirée par la contre culture. Diplômé des beaux arts de Nashville en peinture, il trouve son premier job en tant que muséographe au Musée de Cumberland grâce à une politique de subventions instaurée par Jimmy Carter.

“Je suis sorti de mon université avec tout ce snobisme à propos de l’art qui s’expose et qui se vend. Ça m’est très vite sorti de la tête quand je suis rentré dans le monde réel. J’étais un putain de diplômé en peinture à Nashville en 1980. Et il n’y avait rien. Vraiment rien. J’avais besoin d’un travail et il y avait ce programme subventionné au Musée avec une place disponible. Je dois mon premier job dans l’art à Jimmy Carter.”

Dans ce musée il s’occupe notamment des espaces de divertissement pour les enfants. Il construit des décors où il laisse libre cours à son imagination et prend goût pour la scénographie.

Plus tard il déménage à New York et découvre Raw, le magazine de BD culte créé par Françoise Mouly et Art Spiegelman.

“C’était comme une BD d’expressionnisme abstrait.”

Fan de Spiegelman, qui est aussi professeur, Wayne White squatte à dessein les couloirs de la New School of Visual Arts jusqu’à ce qu’il le croise. L’ensignant l’invitera chez lui alors qu’il est en train de réaliser Maus, le roman graphique qui lui vaudra le prix Pulitzer.

A cette même période, il fréquente le milieu des galeries alternatives dans le sud de manhattan qui présentent des concerts punk rock et des performances. White y présente des spectacles de marionnettes qu’il appelle les “Guerilla Puppet Shows” où les protagonistes à l’esthétique punk copulent et hurlent des obscénités. C’est là qu’il rencontre sa future femme, Mimi Pond, illustratrice et connue plus tard pour avoir écrit le premier épisode des Simpsons.

Au milieu des années 80 il retourne à Nashville où un ami travaillant pour une chaîne de télé locale l’invite à présenter ses talents de marionnettiste. Le jeune directeur qui le reçoit est alors séduit et lui confie l’entière conception d’une émission pour enfant :  “Mrs. Cabobble’s Caboose.”

“J’adorais faire ça. J’adorais ça parce que ça rassemblait tout. Fabriquer des marionnettes et des décors c’était de la sculpture, de la peinture et de la narration. Je savais que c’était ce dont j’avais besoin plutôt que de me spécialiser dans le dessin. J’ai su que je voulais me développer là dedans. J’adorais ça. Mon instinct me disait que c’était l’occasion de devenir un scénographe, un marionnettiste.”

Un an plus tard, il apprend qu’une maison de production est sur le point de lancer une nouvelle émission pour enfants : “Pee Wee’s Playhouse”, spin off du film à gros succès “Pee Wee’s Big Adventure” réalisé par Tim Burton. Son portfolio lui vaut d’être embauché ; il repart à New York puis à Los Angeles qu’il ne quittera plus. Après quatre saisons, le programme s’arrête mais Wayne White a gagné 3 Emmy Awards pour son travail de scénographe. Il conçoit désormais des décors de pubs et de quelques clips dont “Tonight, Tonight” pour les Smashing Pumpkins qui remporte un MTV Music Video Award en 1995.

Wayne White n’oublie pas pour autant la peinture ; il peint dans son studio depuis qu’il est à Los Angeles.

“J’ai travaillé pendant 10 ans dans mon studio, presque secrètement. Je peignais en secret pendant que je faisais des émissions pour enfant et des pubs. J’étais intimidé par le monde de l’art. J’avais peur de montrer mon travail à qui que ce soit car je ne pensais pas qu’on me prendrait au sérieux, venant du monde des programmes pour enfants.”

C’est à la fin des années 90 qu’une galerie le repère et décide de lui faire confiance.

Les peintures de Wayne White sont faites sur de vieux tableaux de chambres d’hôtels ou de vides greniers. Ces toiles sont les décors, les illustrations des phrases hilarante qu’il peint.

“Je les appelle les plus courtes des histoires courtes au monde. Ce sont assurément des poèmes. Je les vois chacun à la fois comme forme et langage.”

Parfois illisibles, on découvre avec surprise les titres de ses oeuvres souvent subversifs ou scabreux et aux allures de slogans publicitaires. Sorte de haïku redneck, ses oeuvres sont la synthèse de ce qu’il est.

“Je n’ai jamais arrêté d’être sudiste. Je ne peux pas. C’est ce que je suis. Je voulais quelque part que mes oeuvres en soit le porte voix. Ça devait arriver. Il était naturel de mettre mon côté sudiste dans ce travail, arrêter de ne pas être fier de l’être. Ne pas s’en excuser ou être sur la défensive, simplement être authentique.”

P.M.


 

Some artists pacify us by showing us that art is not always taken seriously and Wayne White is one of them. A native of Tennessee, the painter and sculptor is part of this generation inspired by the counterculture. A graduated in Fine Arts in Nashville, he found his first job as exhibition designer at the Cumberland Museum thanks Jimmy Carter’s Comprehensive Employment and Training Act.

“I came out of school a painting major with all this snobbery about fine art and commercial art. I got that beat out of me quick the minute I got in the real world,” White says today. “I mean, I was a fucking painting major in Nashville, Tenn., in 1980. There was nothing. Nothing. I needed a job. They had the CETA program there at the museum and they had an opening. I owe Jimmy Carter my first art job.”

In this museum he deals with entertainment spaces for children. He built the sets letting his imagination running wild and took taste for scenography.

Later he moved to New York and discovers Raw, a cult comics anthology created by Françoise Mouly and Art Spiegelman.

“It was like an abstract expressionist comic book.”

Fan Spiegelman, who was also professor, Wayne White hung around in the hallways of the New School of Visual Arts until he saw him. The teacher invited him to his home while he was working on Maus, the graphic novel that won him the Pulitzer Prize.

At the same period, he roamed tiny alternative galleries in southern Manhattan presenting punk rock concerts and performances. W. White presented puppet shows he called “Guerilla Puppet Shows”, very much in the punk aesthetic, with puppets copulating and shouting streams of obscenities. There he met his future wife, Mimi Pond, illustrator and later known for writing the first episode of the Simpsons.

In the mid 80s he returned to Nashville where a friend working for a local TV station invited him to present his puppeteer skills. The young director who receives him is then seduced and hire him to design an entire kid program : “Mrs. Cabobble’s Caboose. “

“I loved doing it. I loved it because it brought everything together. Building puppets and sets was like sculpture, painting, storytelling. I knew that was what I needed to do instead of just specializing in drawings. I knew I wanted to expand like that. I instinctively knew this was my shot to become a professional set designer, a puppeteer.”

A year later, he learned that a production company was about to launch a new kiddie show : “Pee Wee’s Playhouse” spin off the successful movie “Pee Wee’s Big Adventure” directed by Tim Burton. Hired thanks to his portfolio , he returned to New York and then to Los Angeles that he never left. After four seasons, the program stops but Wayne White has won three Emmy Awards for his work in set design. He now works creating backdrops for commercials and some clips including “Tonight, Tonight” for the Smashing Pumpkins that won an MTV Music Video Award 1995.

But Wayne White would not forget his love for painting; he would paint in his studio since his arrival in Los Angeles.

“I worked almost 10 years in the studio, just in secret practically, I painted on the side in secret while I was doing kid shows and commercials and stuff in L.A. I was intimidated by the art world. I was afraid to show anybody my stuff because I felt like I wouldn’t be taken seriously because I was from the world of kiddie television.”

It is in the late 90s that a gallery spots him and decided to trust him.

Wayne White’s paintings are made on old pictures taken from hotel rooms or found in backyard sales. These paintings are the sets, the illustrations of the hilarious sentences he paints.

“I call them the world’s shortest short stories. They’re definitely poems. I see each one as both form and language.”

Sometimes illegible, we discover with surprise the titles of his works often subversive or scabrous and looking like advertising taglines. Sort of redneck’s haïkus, his work is the synthesis of what he is.

“I never stopped being a Southerner. I couldn’t. That’s who I was. I wanted that voice in my work somehow. It’s something that had to happen. It’s all natural getting my Southerness out there, bith the tempered knowledge of not being so proud about it — not being an apologist or even defensive about it, but just being natural about it.”

P.M.