Ce ne sont pas les couches d’or 22 carats appliquées sur ses toiles qui rendent la peinture de l’américaine Larissa Bates riche, mais la concentration d’influences et de références qu’elles recèlent. Elles traversent les âges : des miniatures persanes à la peinture surréaliste de Frida Kahlo, dont une de ses toiles s’inspire, – “Two Ubumes as Twin Gestational Carriers After The Two Fridas” – en passant par les enluminures du Moyen-Âge ou les natures mortes de Bosschaert. Les sujets de l’artiste d’origine costaricaine restent néanmoins contemporains. Son arrière-grand-père puis son grand-père dirigeaient l’entreprise United Fruit, une entreprise américaine implantée au Costa Rica à la fin du XIXème siècle, apportant richesse économique mais aussi discorde et discrimination entre employés et population locale. Ainsi on trouve dans les toiles de Bates des détails de cette confrontation culturelle : une jonquille de Nouvelle-Angleterre au milieu de plantes tropicales ou des familles multiculturelles et mutuellement influencées l’une par l’autre. Une artiste marquée par son métissage : “Les feuilles de bananes me font pensées aux imprimés des tissus dans les maisons de location pour touristes en Amérique Centrale. Un croisement textile entre la culture WASP et la tradition sud-américaine. J’imagine un groupe d’Américains très chics de la côte Est portant des imprimés banane et buvant du gin-tonic en regardant le soleil se coucher ; un paradigme dans lequel je m’inclus, étant aujourd’hui plus touriste que Costaricaine sur les terres de mon enfance, le pays où ma mère est née.

P.M.


The 22 carats gold layers applied on their canvas are not what makes the paintings of the American Larissa Bates rich, but the concentration of influences and references they contain. They cross the ages: from Persian miniatures to the surrealist painting of Frida Kahlo, of which one of her paintings is inspired – “Two Ubumes as Twin Gestational Carriers After The Two Fridas” – through the illuminations of the Middle Ages or Bosschaert still lifes. The subjects of the Costa Rican originated artist remain nevertheless contemporary. Her great-grandfather then her grandfather ran United Fruit, a US company established in Costa Rica at the end of the nineteenth century, bringing economic wealth but also discord and discrimination between employees and local residents. Thus we find in Bates’ paintings details of this cultural confrontation: a daffodil form New England in the middle of tropical plants or multicultural families influenced one by the other. An artist marked by her interbreeding: “The banana leaves make me think of tropical textiles in tourist rentals in Central America. The WASP/Latina textile crossover. I imagine a bunch of WASP’s wearing banana shirts and dresses while drinking gin and tonics overlooking a sunset, a paradigm that I strangely fit into, now more gringa tourist than tica, in the land of my childhood and my mother’s birth country.

P.M.

Images : Monya Rowe Gallery