Les médias de masse et la pop culture influencent et inspirent les artistes depuis des décennies. L’artiste berlinois Johannes Kahrs peint sur ses toiles des photos ou des arrêts sur images de personnes exsangues, à la peau et aux traits fatigués. On y voit de l’ennui, de la tristesse, du vide ou de l’absence aussi bien dans les yeux des sujets que dans les environnements qu’il peut reproduire. Nous renvoie-t-il à la solitude représentée ou à la nôtre lorsque l’on regarde un écran ? Le peintre lui-même semble plus attaché aux pixels plus qu’à la chair : “Je n’ai pas de modèles dans mon studio, j’ai essayé plusieurs fois mais ça n’a pas fonctionné – je trouve leur présence perturbante.”
P.M.
Mass media and pop culture have influenced and inspired artists for decades. The Berliner artist Johannes Kahrs paints bloodless people, tired skins and features from photos or stills. It shows boredom, sadness, emptiness or absence both in the eyes of the subjects or in environments he reproduces. Does he turn us to the loneliness represented or to our own when we are looking at a screen? The painter himself seems more attached to pixels than flesh : “I don’t have models in my studio, I tried it a couple of times but it didn’t work – I found their presence unsetting.”
Avec ses silhouettes fantomatiques noyées, comme diluées au milieu de décors grandiloquents, les portraits de groupe de l’artiste irlandaise Genieve Figgis transforment les modèles en ombres, des taches noires figurant leurs orbites vides, leurs corps légèrement tordus jusqu’à en devenir grotesques. Dans son studio à County Wicklow, pas très loin de Dublin, elle imagine des scènes inquiétantes, se déroulant dans des demeures isolées où des messieurs posent sur leurs destriers et les femmes dans leurs boudoirs. Richard Prince a commencé il y a deux ans à la suivre sur Twitter ce qui a déclenché pour elle la publication de son premier livre “Making Love With the Devil” chez Fulton Ryder et une exposition à la Half Gallery à New York.
Très ironique, son travail revisite les peintures de Gainsborough, Fragonard, joue sur les codes des peintres de cour qui la fascinent comme Velázquez, Goya et Holbein. Derrière tout ça, la mort rôde évidemment, comme elle le dit elle –même : « la mort est à l’arrière-plan de tout, non ? » Ces ombres-là fascinent, sorte de cauchemars moites, de mauvais rêves flamboyants mais déjà disparus, de souvenirs flous qui ne laissent derrière eux qu’un sentiment d’absurdité. Genieve Figgis appuie aussi sur la dimension humoristique de ses tableaux : « Quand nous sommes enfants, nous sommes endoctrinés avec une Histoire faite de faits et de dates. Je tente de ramener cela à la vie avec plus de réalité et de l’humour. En tant qu’Irlandais, vous vous devez d’avoir un vrai sens de l’humour. Certains pensent que mon travail est sombre, certains pensent qu’il est fou, certains pensent juste qu’il est hilarant. »
D.V.
With ghostly figures drowned as diluted amid grandiose sceneries, the group portraits of Irish artist Genieve Figgistransformed the models into shadows, black spots as their empty eye sockets, their slightly twisted body becoming grotesque. In her studio in County Wicklow, not far from Dublin, she imagines disturbing scenes, occurring in isolated houses where the men stand on their steeds and women in their boudoirs. Richard Prince began two years ago to follow her on Twitter what led to the publication of her first book “Making Love With the Devil” at Fulton Ryder and to an exhibition at the Half Gallery in New York.
Very ironic, her work revisits the paintings of Gainsborough, Fragonard, plays on the codes of court painters who fascinate her, as Velázquez, Goya and Holbein. Behind all this, death lurks course, as she says « Well, death is in the background of everything, isn’t it? » These are fascinating shadows, sort of sweaty nightmares, flamboyant bad dreams or already missing, fuzzy memories that leave behind a feeling of absurdity. Genieve Figgis also relies on the humorous dimension of his paintings: “When we’re little we’re brainwashed with history that’s just facts and dates. I try to imagine it back to life with more reality and a sense of humor. Being Irish, you have to have a wicked sense of humor. Some think my work is dark, some think it’s crazy, some just think it’s hilarious.”
Entre néo-impressionnisme et surréalisme pop, les peintures de l’Espagnol Paco Pomet se basent sur de vieilles photographies. L’artiste explore des époques de flâneries absolues, de conquêtes technologiques, d’explorations de terres perdues ou de révolutions industrielles. Souvent dans ses toiles, l’homme devient la proie de ses expérimentations, le sujet principal de la photo d’origine devient secondaire, le scientifique est façonné par sa création et la Nature prend la place de l’homme sous les traits d’animaux en costumes ou même de palmiers conduisant une décapotable. “Je tente de déstabiliser et de modifier l’ordre des éléments qui configurent la structure de la scène dans chaque peinture, afin que l’image résultante propose un nouvel ordre visuel.” Des situations déroutantes, à contre-pied qui ont particulièrement séduit Banksy qui a sélectionné des oeuvres de l’artiste pour son parc Dismaland.
P.M.
Between neo-impressionism and pop surrealism, the paintings of the Spanish Paco Pomet are based on old photographs. The artist explores times of absolute idleness, technological conquest, exploration of lost land or industrial revolutions. Often in his paintings, man becomes the prey of his experiments, the main subject of the original photo becomes secondary, scientific is shaped by its creation and Nature takes the place of humans in as animal in costumes or even as palm trees driving a convertible. “I try to destabilize and alter the order of the elements that configure the structure of the scene in each painting, so the resulting image proposes a new visual order.” The confusing or off balanced situations have been particularly noticed by Banksy who selected the artist’s works for his Dismaland park.