L’art est souvent un combat, parfois avec soi même. Laurie Dasnois s’est retrouvée 47 jours dans le coma après un grave accident de la circulation et s’est réveillée hémiplégique droite. Les deux séries de 47 dessins qu’elle effectue deviennent une performance, une lutte pour se ré-approprier son outil, sa main droite. La première, Coma, représente des variations de palmiers parfois faits de mots : Frustration, Peur, Panique, Stress. Cette série dénonce l’ennui de l’individu dans la société et son “angoisse de passer à côté de sa vie. Alors il la rêve et s’imagine sous son palmier pour échapper à son quotidien.” La seconde série, Le Carnaval des morts-vivants, montre les visages des proches de l’artiste qui lui ont rendue visite pendant ces 47 jours. Ils portent chacun les expressions qu’elle pouvait avoir dans son sommeil.

P.M.


Art is often a struggle, sometimes with oneself. Laurie Dasnois found herself 47 days in a coma after a serious traffic accident and woke up right hemiplegic. The two series of the 47 drawings that she carries became a performance, a struggle and a reappropriation of her tool, her right hand. The first, Coma, represents variations of palm trees sometimes made of words: Frustration, Fear, Panic, Stress. This series denounces the boredom of the individual in society and his “anxiety of missing out on life. Then he dreams it and imagines it under his palm tree to escape everyday life.” The second series, The Carnival of the Living Deads, shows the faces of the artist relatives who visited her during those 47 days. Each bears the expressions she could have in her sleep.

P.M.

Dans une époque où l’image règne, Ida Tursic & Wilfried Mille sont des ogres qui collectionnent, consignent et apprivoisent ce qu’ils trouvent sur internet, dans des films où ce qui les entoure ; ils ont classé plus de 140 000 images en dix ans. Ce duo de peintres français ne se contente pas pour autant de coucher sur la toile ce qu’il capture sur le web ou autour de lui. L’image peinte est comme un organisme qui doit avoir subi les traces du temps, qui doit raconter plus que ce qu’elle montre. Un tableau peut résider dans l’atelier en suspens car “il manque […] de la profondeur, la patine du temps, il lui manque le mystère, la complexité de l’événement, il lui manque son fantôme.” Ces artistes sont des physiciens qui expérimentent ; ils raclent leur palette pour récupérer les copeaux de peinture qui auront un jour, peut-être, une seconde vie ; agrandissent des clichés au point de n’en voir plus que des détails qui transforment leur toile en abstraction. Que ce soit en représentant des images pornographiques ou de petites fleurs des champs alentours, c’est la peinture “qui finira le travail, c’est elle qui aura de toute façon le dernier mot, avec ses imprévus, ses surprises, ses contradictions qu’il faudra accepter ou refuser.

P.M.


In a time where image reigns, Ida Tursic & Wilfried Mille are ogres who collect, record and tame what they find on the Internet, in movies or in surroundings; they have classified over 140 000 images in ten years. This duo of French painters is not contenting himself with painting on the canvas what he captures on the web or around him. The painted image is like a organism that must have suffered the traces of time, that should tell more than it shows. A painting can reside outstanding in the workshop because “it lacks […] of the depth, the patina of time, it lacks the mystery and complexity of the event, it lacks its ghost.” These artists are like physicists they experiment; they scrape their palette to recover the paint chips that will one day have, perhaps, a second life; enlarge snapshots at a point that we are unable to see more than details and thus transform their canvas into abstractions. Whether depicting pornographic images of flowers from surrounding fields, it is the painting “that will eventually do the job, that will anyway have the last word, with its unexpected, surprises, contradictions that we will have to accept or to decline. “

P.M.

On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on en a qu’une.” L’artiste française Sylvie Bonnot applique presque ce précepte de Confucius aux photographies de sa série “Mues”, des images qu’elle dépèce pour en poser l’épiderme sur toile. Cette métamorphose donne une nouvelle dimension aux images. On a d’abord l’impression d’une illusion puis, d’une confusion et on comprend enfin qu’il s’agit d’un passage à la maturité. C’est un souvenir qu’on assume, une acceptation de soi comme un papier froissé qu’on finit par récupérer.

P.M.


 

We have two lives, and the second begins when we realize that only have one.” The French artist Sylvie Bonnot almost apply this Confucius precept to the photographs of her series “Mues” (slough), images that she cuts up to put their epidermis on canvas. This metamorphosis brings a new dimension to the images. First we have the feeling of an illusion then of confusion and we finally understand that it is a coming of age. It is a memory that is assumed, a self-acceptance like a crumpled paper that we eventually recover.

P.M.

Images : Galerie Ségolène Brossette

 

Les grands dessins au crayon de la française Amandine Urruty nous plongent dans un univers où les sujets de Dürer, Richard Hamilton et Dalí pourraient croiser la Famille Addams, Bambi et quelques ectoplasmes pendant une nuit d’Halloween. Elle décrit son travail avec pas mal d’humour dans la bio de son site en ses termes : « Armée d’une solide technique du crayon, elle puisa son inspiration dans les tableaux de Jérôme Bosch et dans la lecture du Nouveau Détective, brassant dans son sillage les amoureux de symbolique alchimique et les adolescentes plantureuses (un peu) vulgaires. »

P.M.


The big graphite drawings of the French artist Amandine Urruty plunge us into a universe where the subjects of Dürer, Richard Hamilton and Dalí could rub their shoulders with the Addams Family, Bambi and few ectoplams during an Halloween night. She describes her work with a lot of humor in her bio on her website : « As she masters techniques of traditional drawing, Amandine Urruty offers us a cheerful gallery of deviant portraits, inspired by Hieronymus Bosch and the reading of the National Enquirer, associating grotesque outfits with baroque decorum which miraculously reconcile lovers of alchemistic symbolism to young ladies with too much make up. »

P.M.