Il le déclare lui même : “Je ne pense pas qu’il y ait une seule manière de voir mon travail qui soit bonne.” L’artiste britannique Keith Tyson n’a cessé de repousser ses limites depuis qu’il a gagné le prix Turner en 2002. Et en effet il a multiplié les formes d’expressions, de la sculpture à la peinture en passant par des installations générées par des programmes informatiques. Il teste les frontières de l’art qu’il compare à une partie d’échec : “dès que vous prenez une position, vous envisager la suivante, mais celle-ci dépend de possibilités quasi infinies entre les deux joueurs.” Ses oeuvres sont comme une matrice réparties en séries et en systèmes ; elles abordent les sciences, la philosophie et même la science-fiction. Dans ses récentes peintures, il travaille sur d’anciennes toiles récupérées dans des vide-greniers. Après les avoir restaurées, il en enduit une partie de la surface avec du gesso et peint par dessus. Il donne ainsi un caractère quantique à ces toiles qui deviennent pluridimensionnelles. “J’aime l’idée que deux artistes qui ne se sont jamais rencontrés et qui sont séparés de plus d’un siècle créent une sorte d’interférence sur la toile, que les deux styles de peinture deviennent lié comme les vagues de l’océan sont connectées les unes aux autres dans un continuum à travers les âges.”
P.M.
He declares himself : “I don’t think there’s a specific way of viewing my work that is correct.” The British artist Keith Tyson has been stretching his boundaries since he won the Turner Prize in 2002. And indeed hes has multiplied his forms of expression, from sculpture to painting through the installations generated by computer programs. He tests the boundaries of art that he compares to a game of chess : “as soon as you have one position you are on to the next, but it is about the near infinite possibilities between the two players.” His works are as a matrix, divided into series and systems ; they address science, philosophy and even science fiction. In his recent series, he works on ancient paintings he finds in second hand shops. After repairing it he scraps over its surface with gesso and paints over it. Thus he gives a quantum character to these paintings that become multidimensional. “I like the idea that two artists who had never met and were separated by over a century had created a kind of interference pattern on the canvas; that the two styles of painting had become linked just as all the ocean waves are connected to each other in a continuum throughout the ages “
Les artistes sont les interprètes de la réalité qui les entoure. Une réalité qui évolue à plus ou moins grande vitesse. La chinoise Yu Hong, qui peint depuis les années 80, est un des grands témoins des changements de son pays. Depuis l’évolution de la condition de la femme qui se libère du schéma familial traditionnel jusqu’à la pression exercée sur la jeunesse qui court pour rattraper un train économique sans frein. Également professeur d’art, elle prend le pouls de générations successives tantôt mélancoliques, tantôt tiraillées par une société qui doit parfois faire le grand écart entre tradition et modernité. Dans ses dernières peintures, il est beaucoup question de temps et d’évasion. “La Chine a besoin de ralentir, de prendre soin de tout le monde et de porter intérêt aux changements dans la vie des gens dans cette société qui se développe très vite. L’environnement change tellement vite que nous ne faisons plus attention à la vie. Nous devrions ralentir et prendre conscience de ce qui se passe réellement.”
P.M.
Artists are interpreters of the reality that surrounds them. A reality that is changing more or less fast. Chinese Yu Hong, who has been painting since the 80’s, is one of the great witnesses of the changes in her country. From the changes of the women conditions that are released from the traditional family pattern to the pressure on young people running to catch an economic train without brakes. Also art teacher, she takes the pulse of successive generations sometimes melancholy, sometimes torn by a society that must sometimes do the split between tradition and modernity. In her later paintings, there are matters about time and escape. “China needs to slow down, to take care of everyone and show concern for the changes in people’s lives in this fast-developping society. Because the situation changes so fast, we don’t even pay attention to life. We should slow down and be aware of what is actually happening.”
Avec toute une génération biberonnée à la culture mainstream, bombardée de clips, de pubs, de magazines et de blockbusters, le POP art est de retour. L’artiste Eric Yahnker s’engouffre dans la brèche sans filet et sans complexe. As du crayon, il dessine des pamphlets de 2 mètres de haut qui s’attaquent à la religion, à la politique, aux icônes et symboles américains d’aujourd’hui dans un réalisme bluffant. Il vit à Los Angeles, ville du pire et du meilleur : “Comme Monet qui allait dans son jardin pour trouver l’inspiration ; je pense que Hollywood, dans une certaine mesure, est ce que je vois quand je sors pour chercher l’inspiration.” Provocateur (ou authentique) et sans retenue, il a notamment été animateur pour le film South Park. Passé par une école de journalisme, il vénère les caricaturistes comme Paul Conrad, Prix Pulitzer du dessin de Presse, mais cite aussi Mel Brooks et Woody Allen comme références. Ses oeuvres offrent une double lecture, du simple impact visuel de ses dessins géants à leur signification et leur regard sur la société américaine. Peu importe notre perception tant qu’on le voit tel qu’il se définit : “politique, têtu, absurde, sarcastique, cérébrale, perverti, idiot avec un coeur fait de testicules en or.”
P.M.
With a bottle-feeded generation with mainstream culture, bombarded with clips, ads, magazines and blockbusters, Pop Art is back. The artist Eric Yahnker rushes into the breach without a net and without complex. Ace of the pencil, he draws 2 meters high lampoons that jeopardizes religion, politics, icons and symbols of today’s America with a stunning realism. He lives in Los Angeles, the city of the worst and the best, “like Monet going into his garden to find inspiration. I guess Hollywood, to some degree, is what I see when I go outside looking for inspiration.” Provocateur (or genuine) and without restraint, he was animator for the South Park movie. Trained in a school of journalism, he worships cartoonists like Paul Conrad, Pulitzer Prize for editorial cartooning, but also cites Woody Allen and Mel Brooks as references. His works offer a double reading, from the simple visual impact of its giant drawings to their meaning and look on American society. Whatever our perception as long as we see his works as he defines himself “political, stubborn, absurd, sarcastic, cerebral, perverted, jack-ass with a heart of golden testicles.”